1 - LA DERIVE DES CONTINENTS
Le
parallélisme des côtes de l'Atlantique.
On observe
en effet un certain parallélisme des lignes côtières entre d'une part les
Amériques et d'autre part l'Europe - Afrique.
Cela suggère
que ces deux ensembles constituaient deux morceaux d'un même bloc.
2- Petite vulgarisation de géologie abordée sous l'aspect
historique
En
1912, Wegener formula la théorie de la "dérive des continents", en
accord avec la flottaison du granit sur le basalte. Initialement, les
continents formaient un immense bloc de granit (Pangée). Ce continent initial
se serait fracturé, entraînant une dérive des morceaux. D'ailleurs, les
continents actuels se déplacent encore les uns par rapport aux autres (parfois
d'un mètre par an).
Mais
la théorie de Wegener fut combattue pendant 50 ans, principalement à cause du
processus de dérive des blocs de granit sur (ou plutôt à travers) le basalte.
Finalement, de nombreuses observations scientifiques vinrent confirmer ces
hypothèses (structure identique des roches des différents continents,
déplacements des pôles magnétiques, fossiles d'os découverts dans
l'Antarctique, etc). Par contre, on a amélioré la compréhension du mécanisme de
dérive. Les continents (granit) dérivent avec le basalte, un peu comme un
radeau dérive avec l'eau (et non à travers!)
En 1960, Hess proposa une théorie dans laquelle de la matière en fusion jaillit
à travers des lignes de fracture du manteau. Cette matière fondue se refroidit
et se solidifie, ce qui provoque un élargissement du
plancher
océanique et entraîne les continents (dorsale ou rift). De plus, on verra qu'il
existe aussi des zones où la matière s'engouffre à l'intérieur du manteau
(subduction). Cette théorie moderne de la tectonique des plaques est en accord
avec le scénario de la Pangée initiale (il y a environ 225 millions d'années),
suivi d'une rupture en trois morceaux (il y a environ 200 millions d'années).
Plus tard, L'Amérique se sépara de l'Afrique (il y a 65 millions d'années).
L'Australie se sépara de l'Antarctique et l'Inde de l'Afrique. L'Inde viendra
percuter l'Asie, le choc engendrant l'Himalaya.
4 - LA RÉPARTITION DE CERTAINS FOSSILES
On retrouve, de part et d'autre de l'Atlantique, sur
les continents actuels, les fossiles de plantes et d'animaux terrestres datant
de 240 à 260 Ma.
Comment des organismes terrestres n'ayant pas la
capacité de traverser un si large océan ont-ils pu coloniser des aires
continentales si éloignées les unes des autres?. La réponse de Wegener est
simple: autrefois, tous ces continents n'en formaient qu'un seul, la Pangée,
présentant ainsi des aires de répartition cohérentes.
A noter qu'on a utilisé ici la
reconstitution de Bullard et
coll.
5 - LA
TERRE AU CRETACÉ
Le Crétacé
est une période géologique qui s’étend de 145,5 ± 4 à 65,5 ± 0,3 Ma. Elle se
termine avec la disparition des dinosaures et de nombreuses autres formes de
vie. Cette période est la troisième et dernière de l’ère Mésozoïque ; elle
précède le Paléogène et suit le Jurassique.
Sa fin est marquée par un stratotype riche en iridium que l’on pense associé à l’impact d’une météorite dans le Yucatan. Cette collision est considérée comme ayant participé fortement à l’extinction massive ayant entraîné entre autres la disparition des dinosaures. Néanmoins, la géologie montre que l'activité volcanique de grande ampleur commune aux cinq grandes extinctions avait déjà commencé avant l'arrivée du bolide.
Sa fin est marquée par un stratotype riche en iridium que l’on pense associé à l’impact d’une météorite dans le Yucatan. Cette collision est considérée comme ayant participé fortement à l’extinction massive ayant entraîné entre autres la disparition des dinosaures. Néanmoins, la géologie montre que l'activité volcanique de grande ampleur commune aux cinq grandes extinctions avait déjà commencé avant l'arrivée du bolide.
LA FIN DU CRETACÉ
Durant le
Crétacé, le supercontinent Pangée finit de se scinder pour former les
continents actuels, bien que leurs positions soient encore substantiellement
différentes. En même temps que l’océan Atlantique s’élargit et que l’Amérique
du Nord se dirige vers l’ouest, le Gondwana qui s’était auparavant détaché de
la Pangée, se fracture en Antarctique, Amérique du Sud et Australie, et
s’éloigne de l’Afrique. L’Inde et Madagascar restent rattachés à la plaque
africaine au début du crétacé, L’Inde s’en détache vers la fin du Berriasien.
L’océan Indien et l’Atlantique Sud apparaissent durant cette période.
Cette activité crée des chaînes de montagnes sous-marines le long des lignes de fractures, provoquant l’élévation du niveau de la mer dans le monde entier : c’est la crise magmatique du Crétacé supérieur, à l’origine des plateaux des Caraïbes, d’Otong Java… Au nord de l’Afrique, la Téthys continue de rétrécir. En Amérique du Nord une mer intérieure peu profonde se forme (Voie maritime intérieure de l'Ouest) puis commence à rétrécir, en laissant des dépôts marins minces intercalaires entre des couches de charbon. D’autres affleurements de cette période se situent en Europe et en Chine. Au maximum du niveau de la mer pendant le Crétacé, près d’un tiers des terres actuelles est submergé.
Le Crétacé est fameux pour ses formations calcaires, aucune autre période du Phanérozoïque n’en a produit autant. L’activité au niveau des dorsales océaniques enrichi les océans en calcium permettant aux coccolithophoridés de s’approvisionner en cet élément.
Dans la région de l’Inde, des éruptions volcaniques massives se produisent vers la fin du Crétacé et le début du Paléocène, formant les trapps du Deccan.
LA TERRE A LA FIN DU CRÉTACÉ
Étendue
|
|
Début
|
Fin
|
Climat
|
|
Taux de O2 atmosphérique
|
env. 30
%vol
(150 % de l'actuel) |
Taux de CO2 atmosphérique
|
env. 1 700
ppm
(6 fois le niveau d'avant la révolution industrielle) |
Température moyenne
|
18 °C
(+4 °C par rapport à l'actuel) |
Contexte
géodynamique
· 120 Ma : ouverture de l'Atlantique
Sud et fragmentation du Gondwana
· 100 Ma: début de formation de la
chaîne alpine
4 - LE CLIMAT AU CRÉTACÉ
Une curiosité,
seules les parties immergées en jaune constituait la France au crétacé
supérieur
Au début du Crétacé, la tendance au
refroidissement amorcée à la fin du Jurassique se poursuit pendant le
Berriasien, les pôles ont peut-être connu des glaciers permanents, ainsi que
quelques montagnes élevées aux latitudes moyennes. Ce refroidissement n’est pas
typique du Crétacé : à la fin du Berriasien les températures remontent puis
restent relativement stables pendant le reste de cette période.
Cette tendance est due à l’activité
volcanique intense qui produit de larges quantités de dioxyde de carbone.
Téthys connecte les océans tropicaux de l’ouest vers l’est permettant d’adoucir
le climat global. Des plantes fossiles adaptées à la chaleur peuvent être
trouvées aussi au nord que l’Alaska ou le Groenland tandis que des fossiles de
dinosaures sont présents sur des territoires alors à une latitude de 15° du
pôle Sud.
Le gradient de température équateur-pôle est bien moins élevé que de nos jours, les vents sont donc plus faibles, en conséquence les remontées d’eau des océans sont moins accentuées et les océans plus stagnants, ces océans sont donc moins oxygénés et des évènements anoxiques sont enregistrés dans les dépôts de schiste noir. La température de surface et en profondeur est nettement plus élevée que de nos jours.
Le gradient de température équateur-pôle est bien moins élevé que de nos jours, les vents sont donc plus faibles, en conséquence les remontées d’eau des océans sont moins accentuées et les océans plus stagnants, ces océans sont donc moins oxygénés et des évènements anoxiques sont enregistrés dans les dépôts de schiste noir. La température de surface et en profondeur est nettement plus élevée que de nos jours.
Le climat global est donc chaud, les régions
polaires n’ont pas de glace permanente.
Selon une étude publiée dans la revue Science, une équipe conduite par l'allemand André Bornemann est parvenue à prouver l’existence de glaciers et à montrer que ces glaciers ont pu atteindre, sur de courtes périodes, jusqu'à 60 % du volume actuel de l’Antarctique, le niveau de la mer chutant de 25 à 40 mètres, alors que la température de l’océan avoisinait 37 °C contre les 28 °C atuels.
Faune et Flore pendant le Crétacé
5 - LES TRACES D’ANCIENNES GLACIATIONSSelon une étude publiée dans la revue Science, une équipe conduite par l'allemand André Bornemann est parvenue à prouver l’existence de glaciers et à montrer que ces glaciers ont pu atteindre, sur de courtes périodes, jusqu'à 60 % du volume actuel de l’Antarctique, le niveau de la mer chutant de 25 à 40 mètres, alors que la température de l’océan avoisinait 37 °C contre les 28 °C atuels.
Faune et Flore pendant le Crétacé
On observe, sur certaines portions des continents
actuels, des marques de glaciation datant d'il y a 250 millions d'années,
indiquant que ces portions de continents ont été recouvertes par une calotte
glaciaire. Il est plus qu'improbable qu'il ait pu y avoir glaciation sur des
continents se trouvant dans la zone tropicale (sud de l'Afrique, Inde). De
plus, il est anormal que l'écoulement des glaces, dont le sens est indiqué par
les flèches, se fasse vers l'intérieur d'un continent (des points bas vers les
points hauts; cas de l'Amérique du Sud, de l'Afrique, de l'Inde et
l'Australie). Cette répartition actuelle des zones glaciées n'est donc pas
cohérente.
Le rassemblement des masses continentales à la Wegener
donne un sens à la répartition de dépôts glaciaires datant d'il y a 250 Ma,
ainsi qu'aux directions d'écoulement de la glace, relevées sur plusieurs
portions de continents. La répartition sur la Pangée montre que le pôle Sud
était recouvert d'une calotte glaciaire et que l'écoulement de la glace se
faisait en périphérie de la calotte, comme il se doit.
6 - LA CORRESPONDANCE DES STRUCTURES GÉOLOGIQUES
Cela n'est pas tout que les pièces d'un puzzle
s'emboîtent bien, encore faut-il obtenir une image cohérente. Dans le cas du
puzzle des continents, non seulement y a-t-il une concordance entre les côtes,
mais il y a aussi une concordance entre les structures géologiques à
l'intérieur des continents, un argument lourd en faveur de l'existence du méga
continent Pangée.
La correspondance des structures géologiques entre
l'Afrique et l'Amérique du Sud appuie l'argument de Wegener. La carte
ci-dessous montre la répartition des blocs continentaux (boucliers) plus vieux
que 2 Ga (milliards d'années) selon la géographique actuelle.
Autour de ces boucliers, les chaînes de montagnes plus
récentes ont des âges allant de 450 à 650 Ma. Les traits indiquent le
"grain" tectonique de ces chaînes. À remarquer, dans les régions de
São Luis et de Salvador au Brésil, la présence de petits morceaux de boucliers.
Le rapprochement des deux continents (carte
ci-dessous) montre qu'en fait les deux petits morceaux des zones de São Luis et
de Salvador se rattachent respectivement aux boucliers ouest-africain et
angolais, et qu'il y a aussi une certaine continuité dans le grain tectonique
des chaînes plus récentes qui viennent se mouler sur les boucliers. L'image du
puzzle est cohérente.
La correspondance des structures géologiques entre
l'Amérique du Nord et l'Europe confirme aussi l'idée de Wegener. Les trois
chaînes de montagnes, Appalaches (Est de l'Amérique du Nord), Mauritanides
(nord-est de l'Afrique) et Calédonides (Iles Britanniques, Scandinavie),
aujourd'hui séparées par l'Océan Atlantique, ne forment qu'une seule chaîne
continue si on rapproche les continents à la manière de Wegener. Les géologues
savent depuis longtemps qu'effectivement ces trois chaînes ont des structures
géologiques identiques et qu'elles se sont formées en même temps entre 470 et
350 Ma.
Le géophysicien Wegener était bien au fait que la croûte continentale était
plus épaisse sous les chaînes de montagnes que sous les plaines, et que cette
situation répondait au principe de l'isostasie qui veut qu'il y ait un équilibre
entre les divers compartiments de l'écorce terrestre dû aux différences de
densité. Il en conçut l'idée que les continents "flottaient" sur un
médium mal défini et qu'ainsi ils pouvaient dériver les uns par rapport aux
autres.
Auriez-vous été convaincu par les arguments de Wegener
qu'un jour un grand bloc continental s'est fragmenté et que ses parties ont
dérivé les unes par rapport aux autres? Les contemporains de Wegener n'ont pas
été convaincus de cette proposition révolutionnaire de la dérive des continents;
l'opposition fut vive. En fait, Wegener a démontré de façon assez convaincante,
qu'un jour, les continents actuels ne formaient qu'un seul méga continent, mais
il ne démontrait pas que ceux-ci avaient dérivé lentement depuis les derniers
250 Ma. À la limite, on pourrait tout aussi bien invoquer certains scénarios
des catastrophistes pour expliquer les constatations de Wegener. Le problème
majeur, c'est qu'il ne proposait aucun mécanisme pour expliquer la dérive. Il
démontrait bien que la répartition actuelle de certains fossiles, de traces
d'anciennes glaciations ou de certaines structures géologiques soulevaient des
questions importantes auxquelles il fallait trouver des explications. Mais ces
constatations ne sont pas suffisantes pour démontrer que les continents ont
dérivé. Notons, qu'à l'inverse, si les continents ont dérivé, il est nécessaire
qu'il y ait un appariement entre les structures géologiques et la répartition
des fossiles.
Il faut signaler que l'hypothèse de Wegener était une
hypothèse génératrice de science, parce que les questions soulevées sont
suffisamment sérieuses et fondées sur des faits réels pour qu'on s'attaque à y
répondre. Mais il aura fallu attendre plus de quarante ans pour que les idées
de Wegener refassent surface et qu'on se mette à la recherche du mécanisme de
dérive qui lui manquait. Entre autres, il avait manqué à Wegener les données
fondamentales sur la structure interne de la Terre.
7 - LA
STRUCTURE DE LA TERRE
L'intérieur de la Terre est constitué d'une succession de couches de propriétés physiques différentes: au centre, le noyau, qui forme 17% du volume terrestre et qui se divise en noyau interne solide et noyau externe liquide; puis, le manteau, qui constitue le gros du volume terrestre, 81%, et qui se divise en manteau inférieur solide et manteau supérieur principalement plastique, mais dont la partie tout à fait supérieure est solide; finalement, la croûte (ou écorce), qui compte pour moins de 2% en volume et qui est solide.
L'intérieur de la Terre est constitué d'une succession de couches de propriétés physiques différentes: au centre, le noyau, qui forme 17% du volume terrestre et qui se divise en noyau interne solide et noyau externe liquide; puis, le manteau, qui constitue le gros du volume terrestre, 81%, et qui se divise en manteau inférieur solide et manteau supérieur principalement plastique, mais dont la partie tout à fait supérieure est solide; finalement, la croûte (ou écorce), qui compte pour moins de 2% en volume et qui est solide.
Deux discontinuités importantes séparent croûte,
manteau et noyau: la discontinuité de Mohorovicic (MOHO) qui marque un
contraste de densité entre la croûte terrestre et le manteau, et la
discontinuité de Gutenberg qui marque aussi un contraste important de densité
entre le manteau et le noyau. Une troisième discontinuité sépare noyau interne
et noyau externe, la discontinuité de Lehmann.
La couche plastique du manteau supérieur est appelée
asthénosphère, alors qu'ensemble, les deux couches solides qui la surmontent,
soit la couche solide de la partie supérieure du manteau supérieur et la croûte
terrestre, forment la lithosphère. On reconnaît deux types de croûte terrestre:
la croûte océanique, celle qui en gros se situe sous les océans, qui est formée
de roches basaltiques de densité 3,2 et qu'on nomme aussi SIMA
(silicium-magnésium); et la croûte continentale, celle qui se situe au niveau
des continents, qui est plus épaisse à cause de sa plus faible densité (roches
granitiques à intermédiaires de densité 2,7 à 3) et qu'on nomme SIAL (silicium-aluminium).
La couverture sédimentaire est une mince pellicule de sédiments produits et
redistribués à la surface de la croûte par les divers agents d'érosion (eau,
vent, glace) et qui compte pour très peu en volume.
L'intérieur de la Terre est donc constitué d'un
certain nombre de couches superposées, qui se distinguent par leur état solide,
liquide ou plastique, ainsi que par leur densité. Comment savons-nous cela?
C'est par une sorte d'échographie de l'intérieur de la Terre qui a été établie à
partir du comportement des ondes sismiques lors des tremblements de terre. Les
sismologues Mohorovicic, Gutenberg et Lehmann ont réussi à déterminer l'état et
la densité des couches par l'étude du comportement de ces ondes sismiques. La
vitesse de propagation des ondes sismiques est fonction de l'état et de la
densité de la matière. Certains types d'ondes se propagent autant dans les
liquides, les solides et les gaz, alors que d'autres types ne se propagent que
dans les solides. Lorsque qu'il se produit un tremblement de terre à la surface
du globe, il y a émission d'ondes dans toutes les directions. Il existe deux
grands domaines de propagations des ondes: les ondes de surface, celles qui se
propagent à la surface du globe, dans la croûte terrestre, et qui causent tous
ces dommages associés aux tremblements de terre, et les ondes de volume, celles
qui se propagent à l'intérieur de la terre et qui peuvent être enregistrées en
plusieurs points du globe. Chez les ondes de volume, on reconnaît deux grands
types: les ondes de cisaillement ou ondes S, et les ondes de compression ou
ondes P.
LE NORD MAGNETIQUE DE LA TERRE
LE NORD MAGNETIQUE DE LA TERRE
8 - LES ONDES SISMIQUES DE
VOLUME
L'onde P se déplace créant successivement des zones de
dilatation et des zones de compression. Les particules se déplacent selon un
mouvement avant-arrière dans la direction de la propagation de l'onde, à la
manière d'un "slinky". Ce type d'onde est assimilable à une onde
sonore. Dans le cas des ondes S, les particules oscillent dans un plan
vertical, à angle droit par rapport au sens de propagation de l'onde.
La structure interne de la Terre, ainsi que l'état et
la densité de la matière, ont été déduits de l'analyse du comportement des
ondes sismiques. Les ondes P se propagent dans les solides, les liquides et les
gaz, alors que les ondes S ne se propagent que dans les solides. On sait aussi
que la vitesse de propagation des ondes sismiques est proportionnelle à la
densité du matériel dans lequel elles se propagent.
La brusque interruption de propagation des ondes S à
la limite entre le manteau et le noyau indique qu'on passe d'un solide (manteau
inférieur) à un liquide (noyau externe). L'augmentation progressive de la
vitesse des ondes P et S dans le manteau indique une augmentation de densité du
matériel à mesure qu'on s'enfonce dans ce manteau. La chute subite de la
vitesse des ondes P au contact manteau-noyau est reliée au changement d'état de
la matière (de solide à liquide), mais les vitesses relatives continuent
d'augmenter, indiquant une augmentation des densités. Plus en détail, au contact
lithosphère-asthénosphère, on note une légère chute des vitesses de propagation
des ondes P et S correspondant au passage d'un matériel solide (lithosphère) à
un matériel plastique (asthénosphère).
La composition de la croûte terrestre est assez bien connue
par l'étude des roches qui forment la surface terrestre et aussi par de
nombreux forages. Notre connaissance du manteau et du noyau est, cependant, plus limitée. Malgré
tous les efforts déployés à cet effet, aucun forage n'a encore traversé le MOHO.
9 - A LA RECHERCHE DU MOHO
Depuis la fin des années 60, on cherche, par des
forages profonds, à mieux connaître et comprendre la nature et la composition
de la croûte continentale, et à atteindre et traverser la discontinuité de MOHO
dans l'espoir de prélever des échantillons du manteau. Plusieurs projets de
collaboration internationale ont été mis sur pieds.
·
Le MOHOLE (Moho hole), en 1967-68: un projet américain de forage de la
croûte océanique près d'Hawaï, à partir d'une plate-forme, sous 4500 mètres d'eau.
On visait un trou de 25 cm de diamètre, sur une profondeur de 5 km. On a
rencontré de nombreuses difficultés techniques et les coûts furent élevés. On
n'a pas atteint le Moho.
·
Le projet JOIDES (Joint Oceanic Institution for Deep Earth Sampling). Un
projet initié en août 1968 et financé par la NSF (National Science Foundation,
USA). Il s'agissait d'un forage dans le golfe du Mexique, sous 3580 m d'eau, à
partir du Glomar Challenger, un bateau équipé pour forer dans 6000 m d'eau. Ici
encore, on n'a pas atteint le Moho.
·
Le DSDP (Deep Sea Drilling Projet), un projet initié en 1970, qui ne
cherche pas à rejoindre le Moho, mais qui vise à réaliser plusieurs forages peu
profonds, dans tous les océans, pour bien connaître la croûte océanique et sa
couverture sédimentaire.
·
Le projet IPOD (International Phase of Ocean Drilling), puis ODP (Ocean
Drilling Project), depuis 1979 et toujours actif: c'est la suite du DSDP, mais
à l'échelle internationale; plusieurs forages à +/- 2000 m dans la croûte
océanique, sur des centaines de sites dans tous les océans, bénéficiant d'une
grande amélioration des techniques.
·
Les Russes furent les premiers à forer à partir du continent pour tenter
d'atteindre le Moho, donc à traverser la croûte continentale plutôt que la
croûte océanique. Le forage a été implanté dans la péninsule de Kola (cercle
arctique russe), en bordure d'une masse continentale, où on considère que le
Moho se trouve à 10 ou 15 km de profondeur.
1977: début du forage; cible 15 km,
1982: on atteint 8 km,
1989: on atteint 12 km sans être
encore au Moho.
Acquisition inestimable de
connaissances sur la croûte continentale. A toutes fins pratiques, un forage
arrêté aujourd'hui, faute de moyens financiers.
·
L'Allemagne planifie de compléter un forage de 15 km en Bavière (donc à
travers la croûte continentale) pour 1996. Travaux toujours en cours qui, ici
aussi, ont permis d'apprendre énormément sur la croûte continentale. Le Moho
n'a pas encore été atteint.
·
A l'été de 1996, l'ODP projette de reprendre un forage (i.e. entrer dans
le même trou) dans l'océan Atlantique, forage qui est déjà à 2000 m de
profondeur et sous lequel on pense pouvoir atteindre le Moho.
A ce jour (2012), la discontinuité de Moho n'a
toujours pas été atteinte (1996) et nous ne possédons toujours pas
d'échantillons du manteau, ... sauf ce qui nous vient des volcans.
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